lundi 9 septembre 2013

Le Baron Sosthène de La Roche Lacarelle, " souverain pontife de la trautzolâtrie "

La maison de La Roche a donné son nom à plusieurs terres et fiefs en Bourgogne, en Bresse et en Beaujolais.

Elle portait « Ecartelé, aux 1 et 4 d’argent, à 3 fasces de gueules ; aux 2 et 3 d’or, au chevron d’azur, accompagné de 3 croisettes du même, 2 et 1 ». Couronne de comte. Supports : deux lions tenant chacun une épée d’argent. Cimier : un soleil. Devise : « Sublimi feriam sidera vertice » [J’irai toucher de la tête les astres].






Joseph de La Roche, troisième fils de Claude [II] de La Roche, dit « M. de Poncié », et de Marie-Anne de Phélines, a formé la branche des seigneurs de Nully et de La Carelle, barons de La Roche.





Seigneur de Nully, La Carelle, La Serve et autres lieux, Joseph de La Roche naquit le 27 novembre 1691, au château de Poncié, sur la commune de Fleurie (Rhône), et mourut au château de La Carelle, à Ouroux (Rhône), le 13 juin 1765.


Château de La Carelle


Il entra comme officier au régiment d’Agénais, et y fut nommé lieutenant en premier en 1721. La même année il prêta foi et hommage entre les mains du duc d’Orléans, sire et baron de Beaujolais, pour sa terre et seigneurie de La Carelle, dont il était propriétaire depuis 1719, et fut ensuite nommé capitaine des chasses de ce prince. Il signait « Delaroche nully » et ne fut lamais désigné que sous le nom de « de La Roche de Nully ». Il avait épousé, le 14 juin 1720, Benoîte Bertucat, fille de Philibert Bertucat et de Avoye Chambaux. De ce mariage sont provenus, en particulier :
-          David, dont l’article suit ;
-          Claude-Antoine, né le 27 septembre 1723, au château de La Carelle. Il servit d’abord dans le régiment de Quercy, puis fut nommé successivement lieutenant au régiment de Berry, cavalerie, en 1745, capitaine en second au régiment des volontaires bretons, en 1747, capitaine-commandant d’une compagnie de son nom au même régiment, la même année. Il fut blessé au bras au siège de Bergen op Zoom [Pays-Bas] en 1747. Il épousa en 1753 Antoinette Targe, fille de Pierre Targe, seigneur d’Urbain, garde-de-la-porte du Roi, et de Christine de Butty. Parmi leurs enfants, Antoinette-Françoise fut mariée en 1790 à son cousin-germain, Jean-Marie de La Roche ;
-          Claude-François, dit « le chevalier de Nully », né le 30 mars 1734, capitaine au régiment de la Vieille-Marine en 1773, décédé sans postérité ;
-          Marie-Claudine, épouse en 1754 de Pierre Targe, veuf de Christine de Butty.

David de La Roche, seigneur de Nully, né au château de La Carelle le 25 avril 1721, servit d’abord dans le régiment de Quercy, puis fut nommé lieutenant au régiment de Berry, cavalerie, en 1743, et enfin capitaine au régiment des hussards de Rougrave, en 1747. Il fut créé chevalier de Saint-Louis, après avoir reçu plusieurs blessures, notamment à la bataille de Fontenoy [Belgique] en 1745.



Il passa en l’île de Saint-Domingue [Haïti], où il épousa, en 1752, Marie-Louise de Nadal, fille mineure de feu Louis de Nadal, commandant du quartier de Maribaroux [Haïti], et de Jeanne-Françoise Bocquet. Il mourut le 6 février 1782, laissant de son mariage Henri-Jean et Jean-Marie. Il n’a pas davantage que son père porté le surnom de « Lacarelle » et ne l’a transmis à aucun de ses deux enfants.

Henri-Jean de La Roche, baron de Montcel, seigneur de La Peyrouse et autres lieux, né à Saint-Domingue le 10 septembre 1753, entra dans la deuxième compagnie des mousquetaires de la garde du Roi, en 1770, fut breveté capitaine de cavalerie à la réforme de ce corps, et reçu chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1814. Il avait été, en 1791, l’un des otages qui s’offrirent pour Louis XVI, et il fut reçu la même année membre de l’ordre et archiconfrérie du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Il a épousé en 1799, à Lyon, Geneviève-Françoise-Jeanne Tircuy de Corcelles, fille de François-Joseph Tircuy de Corcelles, ancien capitaine au régiment de Chartres, et de Thérèse-Geneviève Gayot de Mascrany. De ce mariage est issu Isidore-Henri-Paul-Timothée, né le 6 février 1802, élevé à l’école royale militaire de Saint-Cyr, puis nommé officier au corps royal d’état-major en 1822.

Jean-Marie de La Roche, baron de La Roche et de Vial, seigneur de La Carelle, de Surrat, des Gervais et autres lieux, né à Saint-Domingue le 16 octobre 1754, entra au service comme mousquetaire de la garde du Roi, en la deuxième compagnie, en 1770 ; il fut nommé à la réforme du corps, en 1776, officier au régiment du Cap-Français [Haïti] ; fit en cette qualité les guerres d’Amérique ; fut reçu chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, en 1792, et fut breveté chef d’escadron, en 1814. Il avait été, lui aussi, l’un des otages qui s’offrirent, en 1791, pour Louis XVI et sa famille. En 1803, il a été nommé membre du conseil général du département du Rhône. Il a épousé, avec dispense, à Villefranche-sur-Saône (Rhône), le 13 février 1790, Antoinette-Françoise de La Roche, sa cousine-germaine, fille de Claude-Antoine de La Roche et de Antoinette Targe, qui lui apporta en dot la terre noble de La Carelle, dont elle était la seule héritière, par son père. De ce mariage est issu Antoine-Louis-Ferdinand :

« Antoine Louis ferdinand fils Legitime de Sr jean marie De la roche de la Carelle Et De delle Antoinette françoise de la roche Lacarelle, Est né d’hier Et a ete Baptisé le jourd’huy douze juillet mil Sept Cent quatrevingt onze Le Parain a ete Sr claude Antoine de la roche de la Carelle Son grand pere Et La maraine delle marie Louise nadal de la roche Sa grand mere, representés par Sr isaac marie De la roche poncié chevalier de St Louis, Et delle Anne adelaïde gaillard Buyron qui ont Signé avec nous. » [sic]

C’est dans cet acte que Jean-Marie de La Roche s’attribue pour la première fois le surnom de « Lacarelle » et signe « Jean marie de La Roche de la Carelle ». En marge de l’acte original, de la collection communale, est écrit :

« En Vertu du Jugement Rendu par le Tribunal de Villefranche le 16 Mars 1855, le présent acte de naissance doit être Rectifié ainsi, Antoine Louis ferdinand, fils légitime de Monsieur le Baron Jean Marie De La Roche Lacarelle, et de Dame antoinette françoise Delaroche Lacarelle ; Ouroux le 26 mars 1855 » [sic]

Cette mention a été volontairement grattée sur le registre des baptêmes-mariages-sépultures de la collection départementale.






Antoine-Louis-Ferdinand de La Roche, né au château de La Carelle le 11 juillet 1791 et décédé au château de Sassangy (Saône-et-Loire) le 20 octobre 1866, fut maire d’Ouroux en 1812, entra en la deuxième compagnie des mousquetaires de la garde du Roi en 1814, avec brevet de lieutenant de cavalerie, fit partie, en 1815, pendant l’interrègne, du corps des volontaires royaux, organisés à Lyon sous le nom de chasseurs de Henri IV, par le chevalier de Landine du Saint-Esprit, commissaire extraordinaire du Roi, et fut membre du conseil d’arrondissement de Villefranche-sur-Saône en 1816. Chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur dès 1815, il a été reçu chevalier honoraire de l’ordre de Malte en 1818.



Il a épousé, le 10 juin 1813 à Juliénas (Rhône), Jeanne-Claudine-Marie-Thérèse Colabeau de Juliénas, née à Rome en 1793 et décédée à Sassangy le 4 août 1868, fille de Jacques-Marie-Alexandre Colabeau de Juliénas, baron de Châtillon, ancien officier aux gardes françaises, et de Marie-Aimée-Joséphine Mignot de Bussy. De ce mariage est issu Jean-Joseph-Sosthène, fils unique, né au château de Juliénas, le 28 juillet 1816 :

« Ce Jourd’hui Vingt neuf Juillet mil huit cent Seize a onze heures du matin, pardevant moi Jean Gravier fils, adjoint, faisant fonction d’officier de l’état civil de La commune de Juliénas, canton de Beaujeu, département du Rhône, est comparu Mre antoine Louis ferdinand De Laroche Lacarelle chevalier, ancien mousquetaire de La garde du Roi, Lieutenant de Cavalerie, chevalier de L’ordre Royal de La Légion d’honneur +, demeurant au château de Lacarelle, commune de St. antoine d’Ouroux, Lequel m’a présenté un enfant du Sexe masculin né hier a deux heures après midi, de Lui déclarant et de dame Madame Jeanne claudine marie Thérese colabeau De Juliénas sa femme, auquel il a déclaré vouloir donner Les prénoms de Jean Joseph Sosthène. Les dites déclarations et présentations faites en présence de Mre Jean Marie De Laroche Lacarelle, chevalier, Baron de Vial ancien mousquetaire de La garde du Roi, chef d’escadron, chevalier de l’ordre Royal et militaire de St. Louis, agé de soixante deux ans et de Mre Jean philibert De Lachapelle, prêtre ancien Vicaire général, Baron de St. Sens, agé de soixante ans et a le père de L’enfant ainsi que Les dits témoins Signés avec moi le présent acte duquel lecture leur a été faite.    
+ âgé de vingt cinq ans. » [sic]

Antoine-Louis-Ferdinand de La Roche signe « Ferd. De La Roche Lacarelle ». Jean-Marie de La Roche signe « de la Roche lacarelle ».

Le château de Juliénas était situé à peu de distance du bourg. Il se composait d’immenses corps de bâtiments, divisés en deux parties : les dépendances et les logements des domestiques, puis l’habitation du maître. Une petite chapelle n’était plus utilisée. Le château a été construit par un propriétaire de vignobles : tout ce qui était nécessaire et qui pouvait servir à la fabrication des vins, cuvier et caves, avait été l’objet d’un soin particulier.

À la révolution de 1830, Ferdinand de La Roche Lacarelle abandonna les affaires publiques, et se livra dès lors aux recherches sur son pays. Grand amateur d’art, il était connu par ses collections de tableaux anciens, sa collection de 666 autographes vendue en 1847 et son importante bibliothèque.





En outre, son Histoire du Beaujolais et des sires de Beaujeu, suivie de l’Armorial de la province (Lyon, Louis Perrin, 1853, 2 vol. in-8, 200 ex.) fait toujours autorité aujourd’hui.
En 1858, le baron Ferdinand de La Roche Lacarelle se plaignit que son nom ait été usurpé par Jean-Marie Durieu de Lacarelle, maire de la commune de Saint-Étienne-Lavarennne (Rhône), et l’assigna par-devant le tribunal civil de Villefranche, en suppression du nom de Lacarelle. Le jugement, du 17 mars 1859, rendu au profit du baron, fut réformé par un arrêt de la cour de Lyon du 30 novembre 1859, confirmé par la cour de cassation le 15 janvier 1861.
De son côté, la baronne Antoinette-Françoise de La Roche Lacarelle, mère de Ferdinand, avertie par les conclusions de l’avocat général du 30 novembre 1859 [« Une seule personne serait fondée à contester à des tiers l’usurpation de la Carelle ; ce serait madame Antoinette-Françoise de la Roche, née de la Carelle, mère du demandeur ; mais elle n’est pas en cause. »], introduisit une instance contre Durieu, en usurpation du nom de Lacarelle. Le tribunal civil de Villefranche, par un jugement rendu le 29 mars 1860, maintint la baronne de La Roche dans son droit au nom de Lacarelle, fit défense au sieur Durieu de continuer à ajouter le nom de Lacarelle au sien ou de le prendre isolément, et ordonna que ce surnom serait biffé dans tous les actes de l’état civil où il avait été ajouté. Un arrêt de la cour de Lyon, du 6 juillet 1860, a confirmé ce jugement.

Partageant son temps entre les plaisirs du sport équestre et de la chasse, et les satisfactions intellectuelles, Sosthène de La Roche Lacarelle, « Elevé dans le culte des choses du passé par son père, savant modeste et laborieux à qui l’on doit d’importants travaux sur le Beaujolais, il eut de bonne heure la passion des livres. Il s’y adonna avec l’ardeur un peu fiévreuse qui était un des traits dominants de son caractère et réunit, en quelques années, une bibliothèque exclusivement composée de raretés et rappelant, par certains côtés, le cabinet de Charles Nodier, qu’il avait pris pour modèle. Une grave maladie des yeux [cataracte], contre laquelle la science paraissait impuissante, l’arrêta brusquement, en 1858, et dans un moment de découragement, cette première collection fut vendue en bloc au savant libraire Potier, qui l’annonça dans un catalogue, à prix marqués, de format elzévirien que possèdent aujourd’hui tous les bibliophiles. » (Ernest Quentin-Bauchart. « Préface ». In Catalogue des livres […] composant la bibliothèque de feu M. le baron S. de La Roche Lacarelle. Paris, Ch. Porquet, 1888) :




Catalogue d’une collection de livres rares et précieux. Ouvrages sur la Chasse, Anciens Poëtes français, – Romans, Contes et Facéties, Voyages dans la Terre-Sainte et en Amérique, Vieilles Chroniques françaises, etc. A vendre à la librairie de L. Potier (Paris, L. Potier, 1859, in-16, vij-[1 bl.]-216 p. [p. 209-213 chiffrées 109-113], 674 numéros).
Les ouvrages provenaient des bibliothèques du prince d’Essling, Nodier, De Bure, Audenet, Pixerécourt, Parison, Méon, Ballesdens, A. Martin, A.-A. Renouard, Clinchamp, marquis d’O, Scherer, Coulon, roi Louis-Philippe, Hoym, Soubise, A. Bertin, Chateaugiron, etc. Les reliures étaient dues à Derome, Boyet, Padeloup, Le Gascon, Duseuil, Simier, Bozerian, Bradel, Thouvenin, Bauzonnet, Bauzonnet-Trautz, Trautz-Bauzonnet, Capé, Duru, Hardy, Niedrée, Petit, Koehler, Bruyère, Thompson, Muller, Lebrun, Purgold, Lortic, Chaumont, Closs, Bisiaux, Hering,  etc. Certaines portaient les armes ou les chiffres de Rochechouart, Philippe de Béthune, duc de Savoie, duchesse de Berry, marquis de Coislin, prince de Conti, Montazet, Fouquet, De Thou, J.-B. Colbert, etc.
Les quatre ouvrages les plus chers :
18. (Ars Moriendi). In-fol. mar. rouge, tr. dor. Ancienne reliure aux armes du cardinal Barberini. 1.500 fr. Manuscrit sur vélin, exécuté vers le milieu du xve siècle, à Naples, où Maggio était professeur. Le principal ornement du volume consiste en 11 belles miniatures en grisaille, de la grandeur des pages, et tout à fait identiques aux gravures de l’édition xylographique de l’Ars moriendi.
59. Phebus des deduitz de la chasse des bestes sauuaiges et des oyseaulx de proye. Paris, Jehan Treperel, s. d., in-fol. goth. à 2 col., réglé, mar. vert, tr. dor. (Duru). 1.000 fr. Édition fort rare, dont un très bel exemplaire a été vendu en 1853 le prix énorme de 1.740 fr.
314. Fier a bras. Lyon, Guillaume le Roy, s.d., in-fol. goth. fig. sur bois, mar. r. à compart. tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 1.000 fr. Édition de la plus grande rareté et qui doit avoir été imprimé vers 1480. Cet exemplaire, le seul connu jusqu’à présent, provient de la bibliothèque de M. Coste.
379. Libro del muy efforçado y invincible cavallero de la fortuna. Valence, Juan Vinao, 1519. In-fol. goth. à 2 col. fig. sur bois, mar. rouge, fil. tr. dor. (Duru). 1.000 fr. Superbe exemplaire d’une édition rare et précieuse que n’a point connue Antonio.

« Le mal dont souffrait M. de Lacarelle avait résisté aux traitements les plus énergiques et sa vue, de plus en plus menacée, lui permettait à peine de se conduire, quand l’idée lui fut suggérée d’aller consulter le célèbre oculiste berlinois de Graeff [Albrecht von Graefe (1828-1870)]. Il entreprit le voyage, et l’opération fut exécutée avec tant de bonheur qu’il put, après quelques mois de repos, reprendre ses habitudes et retourner à ses chers livres. Il s’appliqua dès lors, avec la même fougue qu’à ses débuts, à reconstituer sa bibliothèque, et son goût s’étant porté plus particulièrement sur les vieilles reliures, il en rechercha, on sait avec quel succès, les plus intéressants spécimens. » (E. Quentin-Bauchart. In Catalogue, op. cit.)

« Lorsque M. de Lacarelle achetait un livre de haute valeur, il lui arrivait assez souvent, pour ne pas débourser entièrement le prix en deniers comptants, – car il n’avait pas une très grande fortune et elle était subordonnée au rendement très variable de ses vignes et de ses fermages, – de solder le libraire partie en argent et partie en livres moins importants de sa collection. Le commerçant acceptait volontiers ces échanges partiels qui lui permettaient, en faisant un premier bénéfice raisonnable sur le prix de son volume, d’espérer encore la multiplication de petits bénéfices sur les livres repris.




L’ex libris du baron [de forme ovale, orné d’une guirlande de feuillage en dorure, sur papier de couleur approprié au maroquin de la reliure, porte « EX  LIBRIS  DE  LA  ROCHE  LACARELLE. »] restait sur la plupart des volumes cédés par lui et s’en allait de par le monde des bibliophiles, aider à propager l’opinion que le baron “ spéculait ”. Il serait toutefois inexact de prétendre que de telles opérations fussent toujours extrêmement lucratives pour le commerçant. Le baron était d’une grande habileté pour défendre pied à pied ses intérêts, et les libraires avec lesquels il était en relation tenaient tant à lui faire plaisir qu’ils sacrifiaient quelquefois une partie de leurs bénéfices pour lui être agréables.
Un autre motif pour lequel certains volumes sont sortis un jour ou l’autre de sa collection, c’est qu’il ne voulait y admettre définitivement que des exemplaires parfaits en tous points. » (Jules Le Petit. « Le Baron de La Roche-Lacarelle et sa bibliothèque ». In Le Livre, bibliographie rétrospective. Paris, Quantin, 1888, p. 120)       

Le baron voulut récupérer les volumes restés invendus chez Potier, persuada certains de ses amis de lui céder des ouvrages qu’il avait convoités et suivit de nouveau les grandes ventes de livres :  on le vit aux ventes des bibliothèques de Félix Solar (1860), de Léopold Double (1863), du prince Sigismond Radziwill (1866), de  Nicolas Yemeniz (1867), de Jacques-Charles Brunet (1868), du baron Jérôme Pichon (1869), de Charles-Augustin Sainte-Beuve (1870), de Laurent Potier (1870), de Eléonor Huillard (1870), de Louis Lebeuf de Montgermont (1876), de Ambroise-Firmin Didot (1877), de Robert Samuel Turner (1878), du comte Octave de Béhague (1880),  de Ernest Quentin-Bauchart (1881), du marquis Charles-Alexandre de Ganay (1881) et de Étienne-Marie Bancel (1882).
Insensible aux attraits de la couverture et de la vignette romantique, le baron professait un « souverain dédain » pour les livres du xixe siècle. Des relieurs modernes, il n’en connaissait qu’un : « l’aimable, mais intransigeant Lacarelle, le souverain-pontife de la trautzolâtrie, le chef d’orchestre des concerts d’imprécations contre tout ce qui n’était pas Trautz. » (Henri Beraldi. La Reliure du xixe siècle. Paris, L. Conquet, 1896, t. III, p. 35-36)

Entre-temps, la bibliothèque de son père fut mise en vente à partir du 20 novembre 1867 : théologie, équitation, beaux-arts, belles-lettres, fabulistes, histoire de France, provinces du Lyonnais, du Beaujolais, du Forez, des Dombes, de la Bourgogne, de la Franche-Comté, de la Savoie, art héraldique, armoriaux, nobiliaires et biographie constituaient le Catalogue de la bibliothèque de feu M. le baron de La Roche-Lacarelle (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, in-8, 103 p., 1.182 lots).

On pouvait également rencontrer Sosthène de La Roche Lacarelle rue Guénégaud, chez Anatole Claudin (1833-1906), dont il appréciait l’érudition.



Son ami Potier s’étant retiré des affaires, il fréquentait presque tous les après-midi, dans le passage des Panoramas, la librairie d’Auguste Fontaine (1813-1882), dont tout Paris connaissait la bonhommie et l’exubérance, et dont le baron disait : « le père Fontaine est un peu hurluberlu, mais c’est un bon homme ; on s’entend toujours très bien avec lui ».  La Roche Lacarelle fut un des éminents bibliophiles qui guidèrent et conseillèrent Damascène Morgand (1840-1898), alors premier commis chez Fontaine. Un autre ancien premier commis de la même librairie, le bibliographe Jules Le Petit (1845-1915), racontait :

« Pendant la période de 1872 à 1883, quand on pénétrait à l’entresol du magasin de M. Auguste Fontaine, de trois heures à six heures environ de l’après-midi, on pouvait souvent apercevoir, du plus loin qu’on regardait, une longue silhouette humaine se détachant en profil sombre sur une fenêtre bien éclairée, et deux grands bras élevant vers le ciel comme en holocauste, un objet de petite dimension, que des doigts maigres semblaient caresser fiévreusement : c’était le baron de Lacarelle qui vérifiait un livre et en auscultait les feuillets. Sa vue, restée faible, surtout lorsque le jour commençait à baisser, – puisqu’on était quelquefois obligé de le reconduire chez lui quand il s’était attardé à la maison jusqu’au crépuscule, – redevenait excellente, comme l’est aussi celle des myopes, pour découvrir, en plein jour, les défauts les plus insignifiants.
D’autres fois, ceux qui venaient aux mêmes heures visiter les nombreuses bibliothèques installées dans cet entresol du passage des Panoramas, où se sont conclues tant de belles et importantes acquisitions de livres, voyaient en arrivant un homme enfoncé dans un fauteuil, devant des vitrines remplies de livres aux riches reliures, tournant et retournant dans ses mains, du côté des tranches et ensuite du côté des plats, un volume ordinairement recouvert de maroquin, puis pinçant fortement et à plusieurs reprises, entre le pouce et l’index, en haut, en bas et au milieu, le dos du susdit volume : c’était le baron de Lacarelle qui jugeait de la qualité d’une reliure. Il s’assurait que l’endossage en était solidement fait, que les mors étaient soignés, que les coiffes étaient bien droites, pas trop hautes, les plats d’épaisseur bien proportionnée au format, la tranche-fil [sic] bien attachée, les filets bien poussés, la dorure de bon goût, le titre du dos bien mis, bien droit, en caractères bien proportionnés, etc. Et, en l’observant un peu, on pouvait se rendre compte du résultat de son examen, à la manière dont il replaçait le livre : s’il le rejetait avec une sorte de dédain sur la vitrine ou sur la table, la reliure ne lui plaisait évidemment pas ; au contraire, s’il le replaçait avec un soin méticuleux, paraissant craindre d’en froisser l’habit délicat, à coup sûr le travail du relieur avait son approbation. Alors, tout en causant, il prenait et reprenait instinctivement le volume, le regardait cent fois, caressant la reliure avec une volupté inconsciente, “ promenant sur le dos et les plats une paume attendrie ”, suivant l’expression spirituelle d’Anatole France, et souvent, – lorsque c’était un livre important qu’il ne possédait pas, – finissant par l’acquérir, après avoir déployé à ces fins une tactique des plus habiles et un esprit d’une finesse remarquable. » (J. Le Petit, op. cit., p. 121-122)

A partir de 1883, ne supportant plus le climat de Paris, le baron quitta la capitale. Il séjournait, en automne et en hiver, à Cannes, à Nice, à Amélie-les-Bains ou à Florence, et revenait passer le printemps et l’été en Bourgogne, dans son château de Sassangy. Ses livres y avaient été déménagés, et il achetait encore, par intermédiaire, quelques ouvrages dans les ventes parisiennes ; mais l’absence des amis bibliophiles précipita vraisemblablement la mort de ce célibataire endurci, que certains ont marié à Angélique-Vivantine-Élise Brunet-Denon (1814-1894), en réalité épouse de son cousin Isidore-Henri-Paul-Timothée de La Roche Nully (° 1802) :

« L’an mil huit cent quatre-vingt-Sept, et le vingt Avril, à quatre heures du soir, Pardevant nous François Gambut, Maire et officier de l’état civil de la commune de Sassangy, Canton de Buxy, Saône-et-Loire, ont comparu Pierre Vallot, propriétaire-régisseur, âgé de quarante-quatre ans, et Jean-Claude Joblot, propriétaire fermier, âgé de quarante-cinq ans, tous deux domiciliés à Sassangy, et voisins du défunt, lesquels nous ont déclaré que Jean-Joseph Sosthène, baron de La Roche Lacarelle, propriétaire rentier, âgé de soixante-dix ans, né à Juliénas, Rhône, domicilié à Sassangy célibataire fils du baron Ferdinand de La Roche Lacarelle et de Thérèse de Calabeau de Juliénas tous deux décédés à Sassangy, est décédé, à son domicile, ce matin, présent mois, à deux heures. Après nous être assuré du décès, nous avons dressé le présent acte, que nous avons signé avec les deux comparants, après lecture faite. » [sic]  





Ses héritiers chargèrent le libraire Charles Porquet (1823-1902), quai Voltaire, de présenter sa bibliothèque aux enchères publiques : le Catalogue des livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, composant la bibliothèque de feu M. le baron S. de La Roche Lacarelle (Paris, Charles Porquet, 1888, in-8, [XI]-XV-190 p., 540 lots), avec un portrait à l’eau-forte du baron, signé par Eugène Abot (1836-1894), fut complété par une Table alphabétique des noms d’auteurs & liste des prix (Paris, Porquet, 1888, in-8).







Un autre catalogue a été tiré sur papier vergé de Hollande de format in-4. Outre le portrait tiré sur Whatman teinté, 61 planches ornent la nomenclature des livres : 35 planches en noir, dont deux doubles, et 5 planches en couleur, dont une double,  reproduisent les principales reliures ; 21 planches donnent les bois de certains livres de la période gothique.

La vente, qui eut lieu du 30 avril au 5 mai 1888, produisit 545.587 francs. Les trois premières vacations ont été un peu hésitantes, mais les trois dernières ont présenté la plus vive animation. La lutte principale s’est concentrée entre les libraires des passages, quelques libraires des quais et les grands amateurs : Lignerolles, Quentin-Bauchart, Beraldi, Mosbourg, Fresne, Biencourt, Laigle, Paillet, Ruble, Villeneuve, Parran, Lebarbier de Tinan, Bocher, Broglie, etc.
Cette vente montra encore une fois combien pouvait se modifier le goût des bibliophiles. On se disputait les premières éditions de certains ouvrages, dans les années précédentes. Cette fois, ce furent les reliures anciennes qui obtinrent un plein succès : il est vrai que leur étonnante conservation justifia des prix exceptionnels. Les exemplaires aux insignes de Longepierre, qui s’étaient vendus à des prix très élevés quelques années auparavant, ne jouirent plus de la même faveur. Les classiques ont été négligés : le Racine de 1687, 2 vol. in-12, dans une reliure de Trautz, ne provoqua aucun enthousiasme à 305 fr. ; le Corneille de 1664-1666, 4 vol. in-8, malgré la reliure de Trautz, n’atteignit que 399 fr. ; le Molière de 1674-1675, 7 vol. in-12 reliés par le même, fut abandonné à 531 fr. ; le Molière de 1682, 8 vol. in-12, maroquin ancien à la Duseuil, ne tenta personne au-dessus de 805 fr.
Le fameux exemplaire du comte d’Hoym, M. Tullii Ciceronis (Elzevier, 1642, petit in-12), dans un maroquin bleu doublé de maroquin citron de Padeloup, fut adjugé 4 000 fr. à Porquet (n° 72). Du même amateur célèbre, les Essais de Michel de Montaigne (Paris, Abel L’Angelier, 1588, 5e édition, in-4), dans un maroquin citron de Padeloup, fut payé 4 900 fr. à Durel (n° 73). Le Trésor de la Cité des Dames (Paris, 1536, petit in-8) de Christine de Pisan, maroquin bleu doublé de maroquin orange signé « Trautz-Bauzonnet », 3 055 fr. (n° 83). Dans un maroquin vert du même relieur, La Chasse royale, de Charles IX, (Paris, 1625, petit in-8), 1 000 fr. (n° 104). Le Rommant de la rose (Paris, Galliot du Pré, 1529, petit in-8, fig. sur bois), dans un maroquin bleu de Padeloup, 2 550 fr. (n° 138). Les Œuvres de feu maistre Alain Chartier (Paris, 1529, petit in-8, fig. sur bois), dans un maroquin rouge de Derome le Jeune, 1 305 fr. (n° 140). Le Recueil des Œuvres de feu Bonaventure des Périers (Lyon, Jean de Tournes, 1544, in-8, réglé), dans un maroquin rouge doublé de même par Boyet, 3 500 fr. (n° 181). L’exemplaire de Madame de Chamillart des Œuvres diverses du sieur Boileau Despréaux (Paris, 1701, 2 vol. in-12 réglés), reliure ancienne en maroquin citron doublé de maroquin rouge, 4 200 fr. à Morgand (n° 239). L’un des plus anciens livres de voyages connus, Le Livre appelé Mandeville (Lyon, Barthélemy Buyer, 1480, petit in-folio gothique) dans un maroquin rouge de Thibaron-Joly, 4 100 fr. à Porquet (n° 459).

Vingt-six articles furent vendus plus de 5.000 francs :

3. La Sainte Bible, traduite par Le Maistre de Saci. Paris, G. Desprez, 1711, 8 vol. petit in-12 réglés, mar. r., compart., tr. dor. (Padeloup) 5.450 fr. à Morgand. Provient des bibliothèques de J.-J. De Bure et J.-Ch. Brunet (vendu 2.700 fr.)
19. Horae Beatae Mariae Virginis. Manuscrit sur vélin, fin xve-début xvie, in-16 de 209 f. et 4 f. bl., miniatures, bordures, lettres ornées, mar. ch. noir, orné d’une belle garniture historiée en argent avec fermoirs. 22.250 fr. à Paillet. Le plus gros prix de la vente. Provient des bibliothèques de J.-J. De Bure et Ambroise Firmin Didot (20.800 fr.)
21. Heures de Nostre Dame a lusaige de Rome escrites au dict lieu l’an 1549, par M. Franç. Wydon et dediees a messire Claude Durfé, chevalier de l’ordre du Roy tres chrestien et son ambassadeur au S. Siège apostolique. Pet. in-fol. mar. rouge, fil., tr.dor. (Rel. anc.) 5.405 fr. à Morgand. Manuscrit de 85 f. sur vélin, orné de 25 miniatures. Provient de la bibliothèque du duc de La Vallière.
22. Les Offices de la Toussaint. Paris, Guill. Cavelier, 1720, in-12, réglé, mar. citron, riches compartiments à mosaïque de mar. vert et rouge sur le dos et sur les plats, dorure en plein à petits fers, doublé de mar. rouge, dent. intér., tr. dor. (Padeloup) 18.600 fr. à Morgand. Œuvre la plus parfaite de Padeloup. Provient des bibliothèques de Pixerécourt (50 fr.) et du baron J. Pichon (1.799 fr.).






26. Les Sainctes Prières de l’ame chrestienne escrites et gravées après le naturel de la plume, par P. Moreau, maistre écrivain juré. Paris, Jean Henault, 1649, petit in-8 fig., texte gravé entouré de jolis encadrements variés, mar. rouge, compart., fermoirs en argent, tr. dor. (Le Gascon) 7.150 fr. à Morgand. Reliure à compartiments et arabesques, dorure en plein à petits fers et au pointillé. Provient des ventes Duriez, Nodier (70 fr.) et J.-Ch. Brunet (2.125 fr.).
27. Livre de prières. Nic. Jarry scribebat anno 1649-1650-1651, in-16, mar. rouge, riches compart., double de mar. rouge, tr. dor. (Le Gascon) 9.800 fr. à Labitte. Manuscrit de 66 f. exécuté sur vélin, probablement pour Marie-Anne d’Orléans, duchesse de Montpensier (la Grande Mademoiselle). Reliure ornée, sur les plats extérieurs, de riches compartiments et arabesques, dorure en plein à petits fers et au pointillé, et à l’intérieur de fleurs de lis sans nombre, alternant avec un chiffre formé d’un M et d’un A.







29. Prières de la messe écrites par Rousselet. Paris, 1725, in-8, mar. citron, compart. en mosaïque de mar. noir et rouge, dorure à petits fers et au pointillé, doublé de mar. noir, larges dentelles, dos orné, gardes de pap. doré, tr. dor. (Padeloup) 10.000 fr. à Labitte. Manuscrit au chiffre couronné de Marie Leczinska. Provient des ventes de la duchesse de Berry (1.210 fr.) et de Bancel (3.500 fr.). Vendu 280.000 € le 2 décembre 2004 (Paris, Sotheby’s).
36. Les Lettres de Saint Augustin. Paris, J.-B. Coignard, 1701, 6 vol. in-8, réglés, m. citr., double de m. r., dent. intér., tr. dor. 9.000 fr. à Morgand. Aux armes et aux chiffres de Madame de Chamillart. Provient de la bibliothèque du baron Pichon (5.025 fr.).







67. Giordano Bruno Nolano de gl’Heroici furori dialogi X. Parigi, Antonio Baio, 1585, pet. in-8, mar. citr., mosaïque de mar. noir et rouge, bordée de filets, milieu doré au pointillé sur le dos et sur les plats, doublé de mar. rouge, large dentelle, gardes de pap. doré, tr. dor. (Padeloup) 6.000 fr. à Durel. Provient des bibliothèques Girardot de Préfond et Mac Carthy.
68. Spaccio de la bestia trionfante proposto da Gioue effetuato dal conseglo revelato da mercutio. Stampato in Parigi (Londres, J. Charlewood), 1584. – La Cena de le ceneri descritta in cinque dialogi per quattro interlocutori con tre considerationi circa doi suggetti, 1584. Ensemble deux parties en 1 vol. pet. in-8, mar. citron, mosaïque de mar. noir et rouge, bordée de filets, milieu doré au pointillé sur le dos et sur les plats, doublé de mar. bleu, large dentelle, gardes de pap. doré, tr. dor. (Padeloup) 8.100 fr. à Durel. Provient de la bibliothèque de Girardot de Préfond.





75. Les Essais de Michel seigneur de Montaigne. Amsterdam, Antoine Michiels (Bruxelles, François Foppens), 1659, 3 vol. in-12, front. gr., mar. bleu, fil., tr. dor. 5.150 fr. à Porquet. Exemplaire de Longepierre.






86. La Description de l’isle d’Utopie […] par Thomas Morus […] (traduit par Jean Le Blond). Paris, Charles L’Angelier, 1550, pet. in-8, fig. sur bois, réglé, mar. bleu, fil., compart., coins et milieu, dorure à petits fers, dos orné, tr. dor. (Macé Ruette) 9.100 fr. à Morgand. Aux chiffres couronnés de Louis XIII et de la reine Anne d’Autriche.
93. Recueil d’estampes représentant les troubles, guerres, massacres, survenus en France à l’occasion de la réforme de la religion, depuis la mort de Henri II (1559) jusqu’en 1572, avec l’explication. Petit in-fol. obl. mar. vert, riches compart., volutes et rinceaux de feuillages, dorure en plein à petits fers sur le dos et sur les plats, tr. dor. (un des Ève) 12.000 fr. à Morgand. Aux armes de J.-A. De Thou. La plus belle reliure de la vente. Contient 32 estampes numérotées gravées par Fr. Hogenberg, d’après les tableaux de la Ligue de Périssin et Tortoret. Acquis à la vente Soubise par Renouard.







99. L’Instruction du Roy en l’exercice de monter à cheval, par messire Ant. de Pluvinel. Paris, Michel Nivelle, 1625, in-fol., fig., mar. vert, fil., dos orné, tr. dor. (Padeloup) 5.850 fr. à Morgand. Quarante planches avant la lettre, deux lettres autographes et d’autres planches ajoutées. De la vente du baron Pichon (5.000 fr.). Le plus bel exemplaire connu de ce livre fort rare.
109. Joachimi Perionii dialogorum de linguae gallicae origine eiusque cum graeca cognatione libri quatuor. Parisiis, Sebast. Nivellium, 1554, in-8, mar. brun, compart. et arabesques sur le dos et sur les plats (Rel. du xvie s.) 7.710 fr. à Paillet. Aux armes du roi Henri II et son chiffre, celui de Diane de Poitiers, ainsi que le triple croissant.






128. Q. Horatii Flacci Opera. Londini, Johannes Pine, 1733-1737, 2 vol. gr. in-8, mar. rouge à mosaïque de mar. bleu, vert et citron, couvrant entièrement le dos et les plats des volumes, doublés de tabis, tr. dor. (Derome) 7.520 fr. à Durel.





142. Les Œuvres de maistre Francoys Villon. On les vend au premier pillier, à la grand salle du palays, pour Galiot Du Pré, 1532, pet. in-8, lettres rondes, mar. orange à mosaïque de mar. bleu et rouge, doublé de mar. bleu, larges dentelles, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet) 14.020 fr. à Belin. Exemplaire très grand de marges.
145. Le Resolu en mariage. Paris, Anthoine Vérard, s. d., in-8, caract. goth., fig., mar. brun, jans., tr. dor. 5.005 fr. à Morgand. Seul exemplaire imprimé sur vélin connu de cette première édition, non citée par Brunet. Orné de 32 fig. sur bois colorées. Composé par Jehan Le Febvre de Thérouane.



253. Contes et nouvelles en vers, par M. de La Fontaine. Amsterdam (Paris, Barbou), 1762, 2 vol. in-8 réglés, portr. gravés par Ficquet, fig. d’Eisen et culs-de-lampe de Choffard, mar. rouge, larges dentelles, dos ornés, doublés de tabis, tr. dor. (élève de Padeloup) 15.500 fr. à Beraldi. Aux armes de la Pompadour, en mosaïque sur fond de mar. vert. Provient des bibliothèques de Nodier (244 fr.) et Quentin-Bauchart.
265. Choix de chansons mises en musique, par M. La Borde. Paris, de Lormel, 1773, 4 vol. gr. in-8, titre gr., 4 front. et 100 fig. par Moreau, Le Bouteux et Le Barbier, gr. par Moreau, Masquelier, Née, etc., mar. violet, fil., dos ornés, doublés de tabis, tr. dor. (Derome) 8.800 fr. à Rouquette. Provient de la bibliothèque de Quentin-Bauchart.
311. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. S. l. (Paris, Quillau), 1718, pet. in-8, fig. gravées par Audran, d’après les dessins de Philippe, duc d’Orléans, mar. citron à compart. de couleurs, réglé, gardes de pap. doré, tr. dor. Dans un étui de mar. rouge. (Padeloup) 6.700 fr. à Morgand. Provient des bibliothèques d’Ourches, Chateaugiron et J.-Ch. Brunet (6.000 fr.).






312. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé, fig. gravées aux dépens du feu duc d’Orléans, régent de France. Paris, imprimé pour les curieux, 1757, in-4, texte encadré, mar. r., fil., larges dentelles à petits fers, dos orné, doublé de tabis, tr. dor. (Dubuisson) 7.000 fr. à Parran. Aux armes de la Pompadour, en mosaïque sur fond de mar. vert. Provient de la bibliothèque de Quentin-Bauchart.
318. Saint Graal. Paris, Philippe le Noir, 1523, 2 tomes en 1 vol. petit in-fol., fig. sur bois, mar. vert, dentelle, milieu doré à petits fers, tr. dor. (Rel. anc.) 5.050 fr. à Morgand. A appartenu à Louis XIV. Reliure ornée sur le dos et sur les plats d’un semé de L couronnés. Provient de la vente Didot (7.000 fr.).
338. Les Avantures de Télémaque. Paris, Florentin Delaulne, 1717, 2 vol. in-12, mar. bleu, fil., tr. dor. (Paseloup) 5.050 fr. à Morgand. Exemplaire de Longepierre. Provient des bibliothèques Parison (1.700 fr.) et J.-Ch. Brunet (2.500 fr.).
472. C. Crispi Sallustii de Conivratione Catilinae eiusdem de bello Jugurthino. Venetiis, in aedibus Aldi, 1509, in-8, mar. brun, fil., compart., coins dorés, initiales peintes en or et en couleur, tr. dor. 7.000 fr. à Morgand. Exemplaire de Grolier.






510. Recueil des portraits et éloges en vers et en prose (de personnages du temps, par Mademoiselle de Montpensier et autres). Paris, Ch. de Sercy et Cl. Barbin, 1659, in-8, front. gr. par Chauveau, mar. r., dos et coins fleurdelisés, tr. dor. (Rel. anc.) 15.080 fr. au comte de Mosbourg. Aux armes de la Grande Mademoiselle. Provient de la vente Turner (14.000 fr.).
       





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